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Histoire de Grande-Île

La seigneurie de Beauharnois

Dès le tout début de la seigneurie de Beauharnois, la position géographique exceptionnelle de la Grande-Île allait être reconnue. Propriété en 1795 d’Alexander Ellice, un négociant en Grande-Bretagne, celui-ci nomma cette partie de cette seigneurie, Catherinestown du nom d’une de ses filles de sa famille. Sise à proximité de la Pointe-du-Lac, un des anciens noms de Valleyfield, donné par les explorateurs français, la Grande Île prend une importance stratégique lors de la guerre entre l’Angleterre et les États-Unis en 1812.

En effet, c’est durant cette période que le gouvernement britannique entreprend de fortifier l’endroit. Il revient au colonel de la milice et seigneur de Vaudreuil, Michel Eustache Gaspard Alain Chartier de Lotbinière d’avoir construit une redoute en 1813, à la Pointe-aux-Anglais, qui comprenait un titre d’estacade formé d’une chaîne passant de bord en bord de la baie pour en fermer l’entrée. En outre, la contribution la plus importante du colonel de Lotbinière, fut d’ouvrir une route dans la largeur de l’île pour communiquer rapidement avec Coteau-du-Lac. C’est cette route qui est à l’origine du boulevard Grande-Île.

Capsule réalisée dans le cadre du Fonds de commémoration de la Guerre de 1812 (gouvernement Canada) en mémoire du colonel de Salaberry. Un bref regard sur ce véritable héros de guerre et ces faits historiques qui ont marqué notre territoire et tout le reste du Canada.

Au début du XIXe siècle, un groupe de jeunes familles des Cèdres vinrent s’établir sur la rive nord de la Grande-Île, tandis qu’un autre groupe de Saint-Timothée s’établit sur la rive sud. Les personnes établies à Grande-Île avaient, à maintes reprises, demandé à l’Agent seigneurial Milnes, des titres de concession, mais que celui-ci avait continuellement refusé.

Avant la guerre de 1812, l’agent seigneurial, M. Milnes, délégua Jean Branchaud, huissier, chez Brossois dit Bourguignon ; le huissier entra dans la maison, en expulsa la famille et ses effets et incendia la maison devant les autres habitants de la Grande Île. En juin 1821, le nouvel agent seigneurial, L.G. Brown, en chassa pas moins de 17 familles. Brown concéda les terres évacuées à des colons des Cèdres pour soixante dollars.

Les injustices vécues par les gens de la Grande-Île furent connues par la population régionale et contribuèrent à mobiliser les forces nationalistes et libérales contre l’oligarchie impériale britannique et le régime seigneurial.

Ainsi les gens de la Grande-Île furent les premières victimes de la persécution du magnat de la fourrure et leader politique britannique, Edward Ellice, mais leur sacrifice servit à éveiller les consciences dans la région. Ils furent parmi les premiers à se soulever, en novembre 1838, et parmi les derniers à se rendre. Leur position militaire stratégique, face à Coteau-du-Lac, les impliquaient dans un combat déterminant pour l’avenir de la Patrie. Fait intéressant, durant cette période troublée de notre histoire, la Grande-Île sert de refuge aux patriotes.

Avec la construction du canal de Beauharnois, la région prend progressivement une expansion industrielle et commerciale qui va se traduire, entre autres par la nécessité de construire un chemin de communication ente la Grande-Île et Valleyfield. Immédiatement après l’installation de ses premières usines en 1875, la Montreal Cotton crée de nouveaux établissements et des services, tous reliés, directement ou indirectement, à sa production. Nous n’avons qu’à mentionner :

  • 1877 : Introduction d’un service de traversier assurant la liaison Grande-Île – Coteau-du-Lac.
  • 1878 : Le développement agricole de la Grande-Île s’accentue. Les agents des seigneurs avaient déjà vendu plus des trois quarts des terres à des commerçants montréalais qui en faisaient l’exploitation agricole. Il est à noter que la Grande-Île se divisait en trois concessions.

Les premiers colons qui s’installent à Grande-Île, dans les trois concessions, commencent par couper un coin de forêt et par se bâtir des maisons. L’économie est avant tout familiale, car les colons doivent assurer leur propre subsistance. Ils y font de la culture e de l’élevage mais aux produits de l’agriculture, ils doivent ajouter ceux de la chasse et de la pêche.

Dans les années 1840, le vieux canal de Beauharnois joue un rôle économique important en attirant les industries et en augmentant le trafic des produits locaux. Cette voie navigable facilite ainsi le transport par bateau des produits forestiers et agricoles de la région. À cause de l’insuffisante quantité d’eau dans le canal, deux barrages sont érigés ; l’un d’une longueur de 210 mètres reliant la Grande-Île à la terre ferme de la rive sud ; et l’autre, de 265 mètres, joignant la Grande-Île à l’Île-aux-Chats. Ces deux barrages permettent alors de mieux régulariser le niveau d’eau du canal.

Par la suite, après les premières routes, de nouvelles lignes de transport par bateau commencent à se créer. En 1876 et 1877, des traversiers relient la Grande-Île aux territoires de la rive nord, dont Coteau-Landing et Coteau-du-Lac font partie. Quant au transport ferroviaire, la compagnie de chemin de fer Canada-Atlantic, en 1877, commence à transporter ses wagons par bateau à vapeur d une rive à l’autre : Grande-Île à Coteau et inversement.

La nécessité de relier les deux rives avait été maintes fois démontrée au niveau militaire et économique mais jamais de volonté politique ne s’y était attardée. Enfin, le gouvernement de Duplessis faisait, les 27 et 28 août 1949, l’annonce de ce nouveau pont. L’inauguration officielle des travaux a eu lieu le 25 août 1951 et c’est à cette occasion que le pont fut dédié à Mgr Joseph-Alfred Langlois en reconnaissance de 25 ans passés à titre d’évêque de Valleyfield. Mais les travaux ne commencèrent véritablement qu’en juillet 1952 pour se terminer trois ans plus tard.

C’est le 15 octobre 1956 que l’idée d’une nouvelle paroisse germa dans l’esprit des gens de Grande-Île. Le 26 juin 1960, l’église St-Pie X est ouverte aux fidèles. Monseigneur Paul Lebeuf, qui était de la paroisse Saint-Joseph-Artisan, dit sa première messe comme curé de la nouvelle paroisse.

C’est au cours des années 1970 que Grande-Île va connaître un développement domiciliaire important. Les années 1987-1988 ont été à plus d’un titre des plus prospères avec l’émission d’un total de 208 permis de nouvelles constructions pour ces deux années. La compilation des permis pour la période de 1981 à 1990 nous permet de constater une moyenne annuelle de 44 nouvelles constructions résidentielles, la presque totalité étant de type unifamilial.

C’est en 1988 que la Municipalité de Grande-Île s’est dotée d’un nouveau logo. M. Sylvain Sauvé, citoyen de Grande-Île et spécialiste dans ce domaine a été choisi par le conseil municipal pour la réalisation. Voici l’explication du logo :

La forme de base : représente la lettre G sous la forme stylisée d’une goutte d’eau.

L’environnement : ce deuxième élément du logo s’ajoute à la forme de base et représente la lettre «i» du mot île. L’environnement est représenté d’un côté par la forme d’une goutte d’eau et de l’autre, par la forme stylisée d’une feuille.

La croissance : ce troisième élément s’ajoute sous la base du logo et lui donne l’allure d’un arbre.

Le développement : ce dernier élément situé à gauche de la forme de base représente le développement et le dynamisme. Cet élément représente aussi l’eau qui entoure presque entièrement la municipalité.

Le 24 avril 2002, le gouvernement du Québec a décrété la constitution de la nouvelle Ville de Salaberry-de-Valleyfield formée des municipalités de Grande-Île, Saint-Timothée et de Salaberry-de-Valleyfield.

Source : Grande-Île, une tradition 1932-1992